Protéger les défenseurs des droits humains en Afrique: plus qu’un droit, une nécessité pressante

L’Afrique et ses défenseurs des droits humains: une triste réalité

Le continent africain a été et est le siège de plusieurs comportements caractéristiques de la méconnaissance et des violations des droits humains. Pour la majorité des jeunes africains, ces droits sont devenus un rêve impossible. Cette vision est favorisée par des pratiques irresponsables, cautionnées par certains gouvernants et allant à l’encontre des populations en général et des défenseurs des droits fondamentaux en particulier.
Au Burkina Faso notamment, les militants font l’objet de harcèlements de toutes sortes. En janvier 2009, des responsables du « Collectif contre l’Impunité » ont été interpellés après avoir organisé une manifestation le 13 décembre 2008. Cet événement visait à réclamer vérité et justice sur le quadri-assassinat de 1998, où le journaliste Norbert Zongo a péri. Pour les Burkinabè des villes et des campagnes, s’engager pour la promotion et la protection des droits humains revient à mettre sa vie à prix, car le contexte est caractérisé par des exécutions extrajudiciaires. Les forces de sécurité mettent fréquemment à mort des citoyens sans aucun procès préalable, sous prétexte de lutter contre le grand banditisme.

Au Congo, le harcèlement et l’exécution des défenseurs des droits humains n’est plus un secret. On peut citer en exemple le malheureux cas de l’enlèvement suivi de l’assassinat en juillet 2010 du responsable de l’ONG « La Voix des Sans Voix », Floribert Chebeya.
Au Sénégal, en Egypte, au Burkina Faso, entre autres, les journalistes et hommes de médias sont fréquemment interpellés pour avoir dénoncé telle ou telle autorité politique dont les pratiques sont loin d’être conformes aux textes en vigueur.
En Egypte par exemple, chaînes de télévision ou de radio doivent fermer.
Au Mali, en novembre 2010, les jeunes militants Moussa Ag Acharatoumane et ses camarades ont été à leur tour victimes des pratiques barbares, inhumaines et lâches de nos gouvernants.

A la lumière des nombreux cas de violation des droits des défenseurs des droits humains, une question légitime se pose: bénéficient-ils de garanties de protection en Afrique?

Les garanties pour la protection des défenseurs des droits humains en Afrique
La protection des défenseurs des droits humains est l’affaire de l’Etat en premier lieu. Toutes garanties dont ils bénéficient ne sauraient être réalité que par l’action ou l’inaction de ceux qui sont chargés de gérer le pouvoir d’Etat. Ces garanties leur sont donc reconnues à plusieurs titres: d’abord en tant que citoyens, puis en tant que défenseurs des droits humains. En tant que citoyens, les défenseurs des droits humains en Afrique bénéficient de garanties consacrées par les constitutions nationales, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et les conventions internationales. De plus, en tant que défenseurs des droits humains, ces femmes et ces hommes bénéficient aujourd’hui d’une protection accrue. Au niveau de l’Organisation des Nations Unies, une déclaration de l’Assemblée Générale sur les défenseurs des droits humains a été adoptée en 1998. Celle-ci renforce les garanties en faveur des militants dans leurs activités quotidiennes. Malgré les multiples instruments qui visent à garantir leur protection, le constat est clair et alarmant: les défenseurs des droits humains en Afrique connaissent un danger permanant. Pour les militants, l’alternative la plus viable est de poursuivre la sensibilisation et la conscientisation des masses populaires. Il est aussi important de rappeler aux représentants gouvernementaux qu’ils peuvent à tout moment perdre leurs privilèges et avoir besoin d’une protection accrue de leurs droits. En outre, plus que jamais, les jeunes défenseurs des droits humains doivent travailler à gagner la confiance des populations, à tous les niveaux. Aussi doivent-ils renforcer leur réseau international, afin de pouvoir en cas de nécessité bénéficier d’une protection allant au-delà des frontières des Etats dans lesquels ils travaillent.

source: Echos-militant